À partir de décembre 1927, les docteurs Ernst Joël et Fritz Fränkel proposent à Benjamin, de participer sous surveillance scientifique à des protocoles d’expérimentations de drogue.

L’ivresse du haschich est abordé avec beaucoup de discipline par Benjamin, il songe à écrire un livre très important sur le sujet. Cet intérêt pour les narcotiques est à rapprocher de celui de Baudelaire, dont Benjamin a traduit des extraits des tableaux parisiens, et qui a décrit ces phénomènes dans Les paradis artificiels.
On retrouve aussi un voisinage avec les surréalistes dans cet intérêt pour les états d’automatisme de la pensée. Benjamin traduit alors la première partie du Paysan de Paris de Louis Aragon. Il déclare dans une formule aux accents marxistes que le surréalisme tend à « procurer à la révolution, les forces de l’ivresse. » Mais il reproche aux surréalistes de se complaire dans le rêve et l’ivresse, de ne pas donner une dimension constructive et révolutionnaire à leur révolte.

En septembre 1928, Walter Benjamin a 36 ans, il voyage à Lugano ; puis Gênes et revient à Marseille.

Le 29 septembre, Walter Benjamin dérive, solitaire dans les rues de Marseille, les sens exacerbés par le Haschich. Il écrit, le lendemain, le récit de son expérience dont certains fragments se retrouveront dans Myslowice, Braunschweig, Marseille. Le « mystérieux protocole » deviendra Haschich à Marseille « une étude des états physiques et mentaux provoqués par le haschich chez l’auteur » telle que le décrit Jean Ballard qui publiera ce texte dans Les Cahiers du Sud de mai 1935, Il ajoute dans cette lettre « le cadre si merveilleusement marseillais rend ces documents très vivants ».

Il s’agit pour Benjamin d’expérimenter et documenter une expérience authentique : savoir se perdre dans le labyrinthe des rues.
Cette errance, malgré la solitude raconte un moment de bonheur modeste, une illumination profane, « une trame singulière d’espace et de temps ».